■ Le chamois du Ventoux ou la sentinelle la plus haute du Vaucluse.
Partons ensemble sur les crêtes dénudées entre ciel et terre au sommet de l’olympe vauclusien, sous l’œil de l’aigle royal, à la découverte du chamois du VENTOUX.
Puis dans la chaleur de l’été méditerranéen une incursion surprenante au pays bleu vous mènera sur les traces de ce surprenant chamois du Ventoux.
Quand le Ventoux rythme avec nature et faune sauvage. Partir à la découverte, à l’observation et photographier l’un des ambassadeurs emblématiques du Ventoux.
Si peu de gens savent qu’il est bien présent sur le Ventoux, son approche vous fera découvrir les multiples facettes du géant de Provence.
Oui, sur sa partie sommitale, dans ses forets d’altitude mais aussi dans les champs de lavande de son piedmont…
Le chamois du Ventoux est pour moi la sentinelle inhérente de son paysage lunaire. Je n’en peux plus des images associant le Ventoux avec les cyclistes ou celles aussi nombreuses montrant le Ventoux avec les moutons : on finirait par croire qu’il s’agit là de son authenticité. Le Ventoux authentique est autre pour celui qui le pratique et qui le connait vraiment.
Pour trouver le chamois du Ventoux inspirez vous d’abord de son emploi du temps car c’est en fonction des ses habitudes que vous le trouverez, mais surtout n’oubliez pas de vous couvrir !
Avant le lever du soleil, il recherche sa nourriture jusqu’à environ midi. L’après-midi, il recherche un endroit tranquille, pour se reposer et ruminer. Le soir, il repart chercher de la nourriture jusqu’à la nuit. L’hiver, bien qu’il puise dans ses réserves de graisse, il peut consacrer la journée entière à rechercher sa nourriture.
Mais ce n’est pas tout, la météo joue également un rôle majeur selon la période de l’année. Ainsi au printemps il sera un amateur d’aulx ou de jeunes pousses, de graminées à l’abri du vent ; par temps de mistral il se refugie dans les combes et parfois en grands groupes au cœur de l’hiver.
Le Ventoux et ses paysages me procurent alors des sensations bien réelles.
Là bas un affleurement de calcaire pas encore recouvert par la neige pourrait faire un bon affût, au loin dans une lumière voilée, les montagnes des Alpes marbrées de neige me font face.
En dessous de moi le lit taillé dans les blocs, le Toulourenc et ses gorges fumantes.
Le paysage est infini, lisible, ouvert, propice à œuvrer.
Je mes sens bien ici entre deux mondes sur la pointe de mon rocher…
Je regarde tout autour de moi, moi l’étranger sur ce petit bout de Ventoux et qui continue d’avancer sur ce petit sentier invisible par une température de 8° Celsius en dessous de 0°.
7 Heures 45 déjà, le soleil dore l’antenne sommitale, point de vie en vue pour le moment, je dois, de bloc en bloc et d’éboulis en gravière me poser avant que le soleil ne fasse son apparition pour me donner un maximum de chance de les surprendre.
Deux corneilles noires jouent à pile ou face au dessus de moi à la recherche de je ne sais quelle maigre pitance, leurs plumes brillent dans la lumière matinale dans des tons orangés… mais elles ne font que passer, poussées par le vent.
Le temps d’un instant, je deviens corneille et plonge vers la falaise. Je devine alors les chamois qui ruminent en ce matin de décembre, à l’abri du vent, la paix du Ventoux.
La présence et surtout la survie des chamois du Ventoux dans ce chaos sibérique est pour moi si stupéfiante que je voudrais les magnifier en leur rendant les honneurs dignement. Mais cela transparaitra-t-il dans mes photographies ?
Certains peuvent trouver que je suis très patient, certes comme un amoureux de la nature et de la vie sauvage dans le Ventoux mais je trouve passionnant de me spécialiser dans la photographie de la faune de mon environnement, dont je connais à force d’approche et d’observations les comportements.
Alors à cela je dis qu’il n’y a pas ou peu de place au hasard ou à la chance.
Un certains nombres de conditions devant être réunies pour faire une photo, bien sur être sur le terrain par tous les temps, mais rien ne vaut la connaissance précise du comportement animalier avec la maitrise élémentaire de la lumière.
Le temps d’un instant, prenez la place du photographe animalier dans le Ventoux : forte déclivité du sol, instabilité de la couche de neige, température négative, vent glacial, mains gelées, raideurs articulaires et subitement… proximité avec un hôte de ces lieux et donc interdiction de faire le moindre mouvement tout doit se faire au ralenti… mais de la buée est présente dans le viseur, le sol se dérobe sous mes pieds, nous restons figés tous les deux.
Dernière chose : prendre le temps de regarder autour de soi, car une belle photo pour moi doit mêler un paysage et une vie animale, cela peut paraitre anodin mais mettre l’animal dans son contexte devient pour moi essentiel.
Qu’est ce qui différencie un chamois du Ventoux d’un chamois des Pyrénées, ci ce n’est les paysages uniques de chacune de ces montagnes, à condition de les voir !
En hiver, leur nourriture varie en fonction de l’épaisseur et de la consistance du manteau neigeux qui en conditionne l’accès. C’est alors qu’ils peuvent être contraints à s’alimenter de rameaux, écorces et lichens. Peut être que l’observateur patient sera le témoin de scènes ou tel des acrobates les chamois se hissent sur leur pattes arrières pour prendre les jeunes pousses en hauteur.
Les chamois ne sont pas solitaires, seuls les vieux mâles le sont, les grands rassemblements ont lieu surtout à l’automne période de rut et en hiver.
Il n’y a pas de hiérarchie dans le groupe. Malgré tout, c’est une vieille femelle, aussi appelée bréhaigne, ou une femelle suitée qui dirige le groupe
C’est si surprenant et spectaculaire de voir ses vieux boucs courir dans tous les sens, sur toutes les pentes pour tenter d’éloigner un rival ou s’imposer à une femelle.
Quelle dépense d’énergie et quelle insouciance parfois à sauter dans le vide.
Moi c’est souvent à 4 pattes et avec d’infinies précautions que je me hisse sur certains points culminants.
Cet ainsi que l’hiver prend forme dans le Ventoux en laissant place aux seuls passionnés de nature Ventoux…
Sa vue lui permet de distinguer un mouvement de très loin, mais il éprouve des difficultés à identifier les formes immobiles même proches de lui. C’est ainsi que blottis en équilibre sur le bord d’une de ses nombreuses falaises vous pourrez le laisser venir vers vous ; Si toutefois vous êtes bien dissimulés car sinon, conscient de sa supériorité, il trouve refuge dans les nombreuses falaises ou bois de pins escarpés.
Son ouïe est habituée aux bruits liés aux activités humaines. Les chamois font par contre très attention à tout bruit insolite, et pour repérer s’il y a danger ou non, ils utilisent leur sens le plus développé : l’odorat. Ce sens leur permet de confirmer, par vent favorable, la présence d’intrus. C’est le cas d’ailleurs de tous les grands mammifères du Ventoux.
En plus il dispose d’un champ visuel très large.
Comme la plupart du temps je progresse à découvert et en milieu fortement escarpé, soit il me voit ou m’entend venir, mais cela peut aussi me servir pour les localiser.
La mi avril est aussi le théâtre de scène à attendrir un loup affamé… avec l’arrivée des jeunes et de leur pelage qui parait si doux.
Le jeune est appelé chevreau jusqu’à un an ; le jeune mâle dans sa 2ème année s’appelle éterlou, la jeune femelle éterle.
Difficile cependant de tromper les femelles qui veillent sur les petits, elles anticipent presque chacune de mes réactions un peu comme dotées d’un 6ème sens…
Souvent je dis que les combes me murmurent une douce mélodie : le vent, les bruits des petits éboulis soudain et la progression d’une harde de chamois sont autant d’indices qu’il faut sans cesse évaluer.
Mais on ne peut parler du chamois sans avoir une pensée pour l’un de ses emblématiques prédateurs, où que vous soyez, au nord comme au sud sur ses flancs escarpés. Sachez que là-haut, bien au dessus de vous, l’aigle royal vous observe. Souvent j’ai été survolé par ce fabuleux ambassadeur des airs, mais point d’attaque ou de jeune chamois transporté dans son aire.
C’est donc à pied qu’il vous faudra tâcher de l’apercevoir mais malgré tout, lorsqu’on le surprend, il fuit très vite ou prend le temps, auparavant, de vous observer tout en vous faisant comprendre par un chuintement ou petit sifflement, que vous le dérangez…
Là-haut, à l’altitude de 1800 mètres le changement de décor est brutal, total et fabuleux. La pierre est ici omniprésente, cet ancien fond océanique continue de grouiller de vie. Ammonite des sables et aigles royaux sont autant de témoignages restant accrocher sur ses flancs et témoignent de cette richesse. Avec de la chance vous croiserez son petit oiseau roi des cimes avec son plumage rouge vif et sa tête de travers, je veux parler du bec croisé des sapins…
Se déplaçant souvent en famille il apprécie particulièrement les points d’eau et les pins à crochets pour faire des repas dont lui seul détient le savoir faire.
Il est normal que ce fabuleux terrain de jeux, de vie et de découverte que représente le versant nord du Ventoux plaise autant aux chamois. Mais croyez moi son approche se mérite, mais pas au détriment de l’envahissement de son espace vital. Parfois quand je le peux je m’efforce de repartir aussi silencieusement que lors de mon arrivée en laissant l’animal vaquer à ses occupations.
Sur ces pentes vous finirez par avoir les genoux et les mains écorchés ; regagnez alors le sous bois : contraste garanti. Sous les grands pins torturés par ce climat hostile, vous sentirez cet odeur si particulière d’étable ou plus particulièrement de bouc… ce sont les hardes de chamois, discrétion, et patience vous serez alors les témoins privilégiés de scènes de vie sauvage.
Après cette matinée une nouvelle fois gravée à tout jamais dans ma mémoire à tutoyer les nuages je reprends la direction de la vallée vers Sault.
Cette fin de matinée là, je sens comme une présence, mais à chacun de mes arrêts : rien, ni odeur, ni forme ou ombre subtile qui se dérobe sous mes yeux…
C’est poussé alors par une inspiration du moment que je me dirige en contrebas de ce magnifique champ …
Se sentant alors peut être en sécurité, une silhouette noire se dessine, contrastant avec le vert émeraude des lavandes.
Un jeune chamois au beau milieu de ce champ aux formes si douces.
Mais que fait-il-là ! Est ce bien un chamois ? Regarde mieux… Point de doute !
On ne va pas me croire et pourtant la photo est bien là.
Qu’ils soient sur le Ventoux c’est une certitude mais petit à petit ils colonisent les alentours, comme les gorges de la nesque, ou les barres rocheuses de la foret de Javon …c’est donc sans doute un jeune en quête d’un nouveau territoire.
Que le chamois du Ventoux ambassadeur des crêtes escarpées soit sensible à la beauté de nos paysages et vienne faire un petit détour dans les champs de lavande du pays de Sault, c’est insolite mais cela vient surtout enrichir la grande diversité des animaux fréquentant les lavanderaies.….
Pour témoigner de sa beauté authentique et sauvage j’espère que cette promenade photographique vous aura fait découvrir la vraie nature du Ventoux ; tant il est vrai que pour rendre justice à ce géant de la nature incroyable, à sa faune et ses paysages, à sa lumière unique, les images sont plus éloquentes que les mots.
Place aux images et bonne découverte de mes photos Ventoux…!